Société Biélorusse

Publié le par Irina K.

      Indicateurs économiques
 
                En s’appuyant uniquement sur les indicateurs économiques, la Biélorussie parait en bonne voie de devenir un pays riche ou du moins un pays industrialisé, considéré comme prometteur. En effet le taux de croissance biélorusse était de 9,9% en 2006, de 7,4% en 2007 et serait de 6,4% en 2008, ce qui signifierait donc une baisse de la croissance, cependant une telle croissance comparée à celle de la France apparaît comme très importante (la croissance française est de l'ordre de 2%), la croissance biélorusse rappelle celle de la plupart des pays en voie de développement (croissance chinoise en 2007 : environ 8%). Toutefois, ces chiffres prometteurs restent à relativiser. Bien que sous influence dictatoriale, la Biélorussie avait un PIB de 65 133 millions de dollars en 2004. La France quant à elle bénéficie d'un PIB de 2 742.51 milliards d'euros (7ème rang mondial), ainsi il faut considérer le point de départ du pays. Il nous faut également prendre l'IDH en compte, la Biélorussie bénéficie d'un IDH s'élevant à 0.794 environ, et se classe ainsi à la 56ème place en 2000, alors que la France se classe douxième avec un IDH de 0.928. Rappelons que L'IDH est un indicateur de la bonne santé d'un pays s'appuyant sur l'espérance de vie à la naissance, le taux d'alphabétisation et la durée des études ainsi que sur le PIB/habitant. Ainsi le PIB/ habitant est de 7 561 dollars en Biélorussie en 2004, alors qu’il est de 40 782 dollars en France, soit cinq fois plus qu’en Biélorussie, ce qui représente une différence non négligeable. La population biélorusse vit avec un revenu généralement à peine suffisant pour pouvoir vivre décemment, ce qui les oblige à multiplier le plus possibles les modes de revenus afin de s'assurer un mode de vie confortable. En effet, les salaires restent bas, environ 95 dollars en moyenne par mois en 2002, ce qui les amène à compenser par une économie informelle, non visible des autorités. En résumé, la majorité des biélorusses vivent relativement bien mais la plupart ne peuvent se permettre la possession de biens en abondance. La France est cependant sur certains points moins bien classée que la Biélorussie, au niveau du chômage par exemple, la Biélorussie a environ 1% de chômage sur l’ensemble de sa population active, alors qu’en France, ce dernier était de 8,3% en 2007. Cependant cette différence au niveau du taux de chômage est due à l'omniprésence visible de l'Etat dans tous les domaines (cf belarus.over-blog.net/article-16331191.html). En effet, comme sus-cité, ce dernier est le premier offreur d'emploi au sein de la Biélorussie, et emploie la plupart des biélorusses. 

Un système économique proche du régime soviétique


    L’interruption du processus de réformes après l’arrivée au pouvoir du Président Loukachenko a permis par ailleurs de conserver des structures de production quasiment inchangées depuis la période soviétique et de réaffirmer le caractère essentiellement étatique de l’économie du pays. Ce choix a permis d’éviter à la population biélorusse les traumatismes sociaux enregistrés dans le reste de l’Europe centrale et orientale au cours de la décennie de transition. Ainsi, la part du secteur privé dans la richesse nationale demeure-t-elle très faible à 25 % selon les statistiques officielles (10 à 12 % selon la Banque mondiale). L’administration continue d’appliquer des réglementations contraignantes qui découragent l’activité économique. La perspective d’Union économique et monétaire avec la Russie a cependant conduit la Biélorussie à engager certaines réformes : unification des taux de change à l’automne 2000 ; réforme fiscale en 2003 (baisse de la TVA de 20 à 18 % et simplification de l’impôt sur le revenu) ; amélioration du cadre juridique des entreprises.
          La situation économique biélorusse est donc loin d’être si dramatique qu’on ne le dit, elle devance même la plupart de ces voisins tel que la Pologne, la Lituanie ou encore l’Ukraine. Elle devance la Russie, avec qui elle entretient près de 80% de ses échanges commerciaux, concernant l’IDH mais suit en général les autres pays de la CEI (Communauté des Etats Indépendants composée de 12 états ex-soviétiques. La Biélorussie fait partie des pays fondateurs de cette organisation avec le concours de la Russie). Ainsi la Biélorussie n’est pas à un stade aussi critique que pourraient le penser les européens, en particulier,  à travers de nombreux préjugés qu’ils ont souvent concernant les pays de l’Est, ex-soviétiques… En outre,  en comparant ces indicateurs sociaux avec ceux d’autres dictatures telles que la Birmanie ou la Corée du Nord, on remarque qu'ils sont relativement élevés. 

 
      La société biélorusse 
          La société biélorusse est encore à un stade relativement peu développé, les biélorusses ne se sont pas encore aperçus de la force de leur mobilisation, la liberté d’association est encore réprimée, et les mentalités mettent un certain temps à changer. Elles le sont d’autant plus, qu'elles ont été marquées par l’héritage soviétique sous lequel a été le pays pendant de nombreuses années, jusqu'à son indépendance en 1991.
          Concernant le logement, la plupart des propriétaires ont bénéficié de l'indépendance afin d'acheter un logement à un prix dérisoire, plutôt symbolique qu'autre chose. Beaucoup ont acquis des "datcha". On donne deux sens à ce mot, d'abord il signifie pour les plus riches, l'élite nationale, une grande maison secondaire confortable et  construite de façon relativement similaire au style occidental, autour de laquelle leurs propriétaires font pousser de la pelouse (symbole de l'aisance, rappelant la pelouse bien entretenue d'un green de golf, évoquant un certain style de vie relativement élevé...). L'autre type de datcha désigne un lopin de terre acquis par des personnes pas forcément d'un niveau social élevé, qui l'entretiennent, faisant pousser des légumes pour avoir plus de ressources permettant une autosubsistance limitée, certes, mais ayant quand même  l’avantage non négligeable de ne pas avoir à acheter un certain nombre de produits dans les magasins, qui restent très chers. 


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Une Datcha

         
    Concrètement, le salaire seul est insuffisant pour vivre correctement, c'est pourquoi la plupart des habitants en Biélorussie exercent une activité autre que leur travail leur permettant de contracter un autre revenu que leur salaire. Cette activité peut consister par exemple, pour les habitants frontaliers d'autres pays à établir une sorte de contrebande faisant circuler de la vodka ou encore des cigarettes, produits moins chers en Biélorussie, ou encore à l’entretien de leur potager étant dans leur datcha. Le biélorusse moyen n'accorde à son travail qu'une importance moyenne, on dit souvent ici "Rabota niè volk" ce qui signifie en français, "le travail n'est pas le loup" ou encore que le travail ne part pas dans la forêt tel que le fait le loup! Le taux de chômage biélorusse est très faible par rapport à celui français en effet il équivaut a environ 1.6% de la population active, soit le plein emploi. De ce fait, les biélorusses n'ont aucune peur de perdre leur emploi, ce phénomène est accentué par le fait que la plupart ont un emploi qui leur a été donné par l'Etat. Prenons l'exemple d'un couple de deux diplômés, l'un a été docteur en physique hydraulique, l'autre doyenne de l'université linguistique, ils ont donc un niveau relativement élevé de qualification, ils sont désormais tous deux a la retraite, et sont à présent "obligés" de recourir à l'entretien du potager dans une datcha pour subsister, et utilisent fortement le potentiel de leur terrain pour le rentabiliser le plus possible, leur permettant ainsi un niveau de vie plus décent pendant leur retraite. 
 
 
    Démographie

           La Biélorussie est un pays de 9 635 millions d'habitants, soit jusqu' à plus de 6 fois moins que la France. En effet, avec un taux d'accroissement négatif de -5,3%,  la Biélorussie voit sa population diminuer de fait. Malgré un taux brut de natalité  qui est de 9,4%, ce taux seul n'exprime pas le fait que la population biélorusse diminue fortement, cependant le taux d'accroissement naturel biélorusse est bien négatif, la population s'est vue diminuée de 4% environ en l'espace de 10 ans, ce qui n'est pas sans conséquences. En effet, la part des jeunes dans la population totale a tendance a diminuer fortement, elle est de 15% environ aujourd'hui, la part des 15-64 ans reste la plus nombreuse (67%).         
           La part des hommes dans la population totale est également problématique, en effet il y a en général plus de femmes que d’hommes, surtout dans pour les personnes âgées; pour les personnes entre 70 et 74 ans, on compte 300 femmes pour 180 hommes, cependant les conséquences ne sont pas véritablement problématiques dans la mesure ou la classe d'age concernée n'est plus féconde. On compte cependant en moyenne 0,88 hommes par femme en général, et moins d'un par femme dans la classe de 15 à 64 ans. Je vous laisse imaginer par vous-mêmes les conséquences sur la démographie biélorusse. (Cf. pyramide des ages). 

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Pyramide des âges en Biélorussie

         
    En outre la population biélorusse a été l’une des plus touchée par la catastrophe de Tchernobyl le 26 avril 1986, Tchernobyl étant sur la frontière biélorusse-ukrainienne.
Notre pays a reçu le choc principal de la catastrophe, 23% du territoire a été contaminé par les radionucléides de longue durée, 70% des déchets radioactifs ont pénétré le sol biélorusse pour des décennies à venir. Le gouvernement s’est refusé à  accorder immédiatement de l’importance  à cet événement, plus de 2 millions de biélorusses dont 500 000 enfants étaient installés dans cette région. Il est clair qu’aujourd’hui il emploie un certain budget pour réhabiliter ces zones cependant ces zones sont souvent déconsidérés.
  
    La Biélorussie garde un taux de mortalité infantile très haut, 13% des enfants meurent encore en bas age. Ce qui représente un chiffre relativement important et une part manquante dans la population conséquente.
            La Biélorussie présente un divertissement culturel également relativement important, 81.2% des habitants résidants en Biélorussie sont biélorusses, beaucoup de russes sont également présents sur le territoire (11.4%), et on compte également beaucoup de petites minorités telles que des polonais, ukrainiens ou autres, ce qui influe sur les langues parlées au sein de la Biélorussie, la majorité parlent le biélorusse mais le russe est également beaucoup parlé en Biélorussie. 


Libertés fondamentales

         L'offensive du pouvoir visant à museler la société civile s'est poursuivie. L'entrée en vigueur, fin 2005, de nouvelles dispositions légales restreignant la liberté d'association s'est traduite par une augmentation des condamnations de militants de la société civile. Des opposants ont été harcelés et arrêtés de façon arbitraire, de la même façon que mon père, qui a été officieusement exécuté.  L'élection présidentielle du mois de mars a été suivie d'une vague d'arrestations de manifestants pourtant pacifiques. Le gouvernement manquait à son devoir de protection des femmes victimes de violences au foyer. La peine de mort continuait d'être appliquée. Les enquêtes ouvertes sur quatre affaires de disparitions forcées étaient toujours au point mort.


    Liberté de la presse

            Le président Loukachenko porte une attention particulière aux questions de presse et d'opinion. Il sait que les médias sont le "quatrième pouvoir" dans les sociétés contemporaines et il veille scrupuleusement à ce qu'ils lui soient favorables. Le principal problème vient de la concurrence des chaînes de télévision russes, qui sont courantes en Biélorussie et qui véhiculent les images d'un pays considéré comme "capitaliste". Difficile de les fermer alors que le pays est engagé dans un partenariat avec la Russie. Certains reportages de chaînes russes ont irrité le président Loukachenko et des journalistes russes ont été inquiétés. Le pouvoir s'efforce de contourner le problème en négociant l'inclusion de programmes biélorusses au sein des chaînes russes. Un autre motif de mécontentement vient des chaînes biélorusses elles-mêmes : le gouvernement  ne les trouve pas assez attractives et, elles ne rendent pas suffisamment compte des réalisations du régime. On pourrait penser que le pouvoir se serait contenté de régner sur les médias audiovisuels en laissant quelques espaces de liberté à la presse écrite, au moins pour donner l'illusion d'une certaine liberté. Il n'en est rien. Le régime s'emploie à mettre des bâtons dans les roues des journaux indépendants avec un rare acharnement qui constitue une anthologie de la répression de la presse écrite dans le monde : il est devenu quasiment impossible de lancer un journal indépendant aujourd'hui en Biélorussie.
 

    Libertés fondamentales

            Les violations du droit à la liberté d'expression et de réunion ont été condamnées à plusieurs reprises par la communauté internationale. Elle a notamment estimé que l'usage arbitraire de la force publique et les très nombreuses arrestations auxquelles les forces de sécurité avaient procédé montraient un mépris des droits fondamentaux à la liberté de réunion, d'association et d'expression. En outre, la peine de mort n'a pas encore été abolie en Biélorussie, ce qui est bien entendu à déplorer, une dizaine de personnes ont été exécutées cette année en Biélorussie, en tant qu'opposants du régime, ce n'est pas courant bien sûr. Toutefois,  on remarquera que la plupart de ces personnes ont été exécutées simplement parce qu'elles gênaient le régime, et on ne prend bien entendu pas en compte tout les opposants assassinés sur ordre du régime, fervents défenseurs de la démocratie en Biélorussie à l'instar de mon père.
 
    Je vous donne ici un exemple de personnes que j’ai connu, ayant été inquiétées par le gouvernement, inculpées de vouloir une démocratie pour leur pays ... (d'après Amnesty International) :

    Quatre membres de l'organisation non gouvernementale Initiative Partnership, qui souhaitaient surveiller le déroulement de l'élection présidentielle, ont été arrêtés le 21 février dans les locaux de l'organisation par des agents du Comité de sûreté de l'État biélorusse (KGB). Le KGB a dans un premier temps déclaré que les quatre militants arrêtés - Mikalaï Astreïka, Enira Branizkaïa, Alexandre Chalaïka et Tsimafeï Drantchouk - avaient l'intention de truquer les résultats du scrutin et préparaient une insurrection. Ces quatre personnes ont été déclarées coupables en août d'avoir « mis en place et fait fonctionner une organisation non déclarée portant atteinte aux droits des citoyens ». Deux d’entre eux ont été condamnés respectivement à deux ans et un an d'emprisonnement, et les deux autres à six mois d'emprisonnement. Ils ont tous les quatre été remis en liberté avant la fin de l'année.
 

Publié dans Développement

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