Régime politique Biélorusse: dictature

Publié le par Irina K.

Encyclopædia Universalis : « La dictature est un régime politique autoritaire, établi et maintenu par la violence, à caractère exceptionnel et illégitime. Elle surgit dans des crises sociales très graves, où elle sert soit à précipiter l'évolution en cours (dictatures révolutionnaires), soit à l'empêcher ou à la freiner (dictatures conservatrices). Il s'agit en général d'un régime très personnel ; mais l'armée ou le parti unique peuvent servir de base à des dictatures institutionnelles. »

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Un Etat omniprésent et un Président omnipotent

    
    La Biélorussie (nom officiel : République de Biélorussie) est une ancienne république de l'URSS qui a obtenu son indépendance en 1991. Bien que la Biélorussie soit une république basée sur une démocratie parlementaire, il s'agit en fait d'une dictature dans laquelle le président dispose de pouvoirs immenses. 

    Main mise de l'Etat sur les institutions

    
    L'État est employeur de la très grande majorité des citoyens biélorusses, qu'il s'agisse de l'administration, des entreprises publiques ou des fermes collectives (kolkhozes). Toutes les nominations aux plus hauts postes publics sont gérées au niveau de l'administration présidentielle. Un conseiller du président est spécialement affecté à cette gestion, Aleksandr Popkov, chargé des cadres de l'appareil. Toute personne qui s'écarte du "politiquement correct" court le risque de perdre son emploi. La fidélité des agents de l'État repose sur le système suivant : un fonctionnaire a un "droit moral à la corruption" mais s'il "sort des limites" ou s'il existe un doute sur sa loyauté, les dossiers sont livrés à la machine judiciaire avec l'ordre de procéder à "une exécution publique". Ce principe a été en particulier illustré par les mésaventures arrivées à un certain nombre de directeurs d'entreprises en 2001 et 2002.
aussi longtemps que le régime a besoin de lui. L'existence de dossiers compromettants est la garantie d'une dévotion personnelle au régime.

    La Biélorussie est un pays centralisé et les collectivités locales ont peu de compétences et de moyens financiers propres. Le pays est divisé en 7 oblasts (+ la ville de Minsk), 118 régions, 1564 communes et environ 24.000 "députés de soviets" (conseillers municipaux). Tous les responsables de ces collectivités sont nommés par le pouvoir. Les conseillers municipaux sont "élus" au suffrage universel dans les mêmes conditions que pour les élections parlementaires : les candidats officiels sont désignés par l'administration présidentielle ou ses représentants.

    Absence de séparation des pouvoirs

     Pouvoir législatif: Le parlement, aussi appelé Assemblée Nationale, est constitué de deux chambres: le Conseil de la République (chambre haute), qui compte 64 sièges dont 56 sont élus par les Conseils régionaux et 8 sont nommés par le président, pour un mandat de quatre ans ; et la Chambre des Représentants (chambre basse), qui compte 110 sièges et dont tous les membres sont élus au suffrage universel pour quatre ans. Les citoyens Biélorusses ont des droits politiques très limités.

    Le pouvoir judiciaire en Biélorussie n'est pas indépendant. Bien que la constitution du pays garantisse l'indépendance judiciaire, les cours de justice sont sous l'influence du gouvernement. La principale source de la loi est la constitution de 1994, qui a été révisée plusieurs fois, principalement à la suite de référendums en vue d'élargir les pouvoirs du président. Le système judiciaire du pays est basé sur un système de droit civil. Le biélorusse (aussi appelé russe blanc) et le russe sont les deux langues judiciaires utilisées dans le pays.
   
    Un parlement à la solde du président

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Le président Alexandre Loukachenko élu aux premières élections présidentielles du  23 juin - 10 juillet 1994  avec 80,1% des suffrages. Il  est  surnommé "Batka", Petit père de la Biélorussie, ce qui n'est pas sans rappeler la référence  au "petit père des peuples" qu'était Staline .

    La Biélorussie possède la caractéristique, unique en Europe, d'avoir un Parlement tout entier , dévoué au pouvoir. Les élections de l'an 2000 ont été boycottées par l'opposition qui, en tout état de cause, aurait eu peu d'élus, tant la législation et les pratiques de pression et de fraude s'efforce de ne laisser aucune chance à une quelconque opposition. Les candidats officiels aux élections sont la plupart du temps des hommes ou des femmes qui n'ont pas d'expérience politique : ce sont des directeurs d'entreprises publiques ou d'hôpitaux, des responsables de kolkhozes, des militaires, c'est-à-dire des personnes qui doivent leur position sociale au régime. La très grande majorité d'entre eux n'appartiennent pas à un parti politique, fût-il "officiel". Le président Loukachenko peut se prévaloir de n'être le chef d'aucun parti. Il contrôle suffisamment l'ensemble du corps social pour ne pas avoir besoin d'une formation parlementaire qui le soutienne. Cela lui permet de dire qu'il gouverne "grâce au soutien populaire". Le Parlement, au surplus, est une simple chambre d'enregistrement. Le régime est "présidentiel" et tous les pouvoirs sont réunis dans la main du président et ce , depuis la constitution de 1996, qui procure au prédisent des pouvoirs toujours plus importants, notamment sur la prolongation de la durée de son mandat.  Un groupe de députés, cependant, a récemment osé se rebeller, en constituant un groupe parlementaire autonome à la Chambre basse du Parlement. Le règlement de l'Assemblée prévoit qu'un groupe peut se constituer avec au moins dix députés. Un officier (cadre de réserve), pourtant désigné par le pouvoir pour se porter aux élections en 1981, le général Frolov, a réussi à trouver dix autres parlementaires pour constituer le groupe "République" et rejoindre l'opposition. Le président Loukachenko n'a eu de cesse de torpiller ce groupe et il a partiellement réussi à le faire, en faisant pression sur les députés qui s'y étaient rattachés. Sept d'entre eux s'en sont retirés, mais le groupe parlementaire est resté officiellement, car si le règlement prévoit la constitution d'un groupe, il n'en prévoit pas la disparition !

    Une propagande plébiscitée et assumée

    Le contrôle social et politique ne suffit plus. Aussi le président Loukachenko   a  t-il entrepris une campagne d'endoctrinement, qu'il nomme lui-même "le travail idéologique". En cela, il renoue avec les traditions soviétiques d'encadrement des consciences. Cette nouvelle campagne a été lancée en mars 2003, à l'occasion d'une de ces grandes rencontres de hauts fonctionnaires et de responsables d'entreprises publiques que Loukachenko  affectionne car elles lui permettent de remettre les pendules à l'heure. Toutes les unités de travail de Biélorussie sont désormais tenues d'avoir un "directeur-adjoint chargé du travail idéologique" et de consacrer vingt heures par mois à des réunions d'information, de formation et de réflexion sur "l'idéologie d'État". Des manuels ont été édités pour ce faire. Leur contenu repose en grande partie sur les discours du président, qui donne sa vision de la façon dont doivent être conduites les affaires de la nation, mais il met aussi en valeur les "valeurs traditionnelles" du pays, dans lesquelles un grand nombre de Biélorusses se reconnaissent. Cette initiative laisse sceptiques les observateurs, qui doutent de son efficacité : les Biélorusses attendent surtout de l'État une amélioration de leurs conditions de vie et, s'ils sont obligés de suivre les "cours idéologiques", ils ne sont pas dupes de leur caractère de propagande.



 Une opposition réprimée

  "La France condamne la répression de la manifestation organisée le 12 décembre par les partis d’opposition biélorusses. Elle appelle à nouveau les autorités biélorusses à respecter les droits fondamentaux, les principes démocratiques et les règles de l’Etat de droit."

 

    Sus-citée une recommandation - qui selon moi est  pertinente- de la France à la Biélorussie, tirée du site du ministère français des affaires étrangères et européennes.  Elle met ici en exergue le caractère répressif et anti-démocratique (puisque l'existence d'une opposition demeure l'un des fondements de toute démocratie. ) du régime Biélorusse. Il y aussi entrave à la liberté d'expression, enoncée dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen "Nul ne peut être inquiété pour ses opinions". Or, si la France prend soin de rappeler au Gouvernenement, ou devrais-je dire, au Président Biélorusse, les principes démocratiques, c'est  la preuve probante que la politique Biélorusse est autoritaire, sinon erronnée.

250307volia06.jpgRépression d'une manifestation de l'opposition placée sous le signe de l'indépendance et de la liberté,le jour de l'anniversaire de l'éphémère première République Biélorusse indépendante, proclamée en 1918, le 25 mars 2007.

 


     Vue d'ensemble des différents partis politiques Biélorusses

Le Congrès de forces démocratiques de Biélorussie représente la très grande majorité des partis d'opposition:

 ► Le Parti des communistes de Biélorussie,

à ne pas confondre avec le Parti communiste de Biélorussie  qui lui est pro-Loukachenko.
Le Parti communiste s'est scindé sur la question de l'attitude à avoir face au régime en place. Le Parti des Communistes de Biélorussie, qui a gardé une influence certaine, appelle au rétablissement de la constitution démocratique qui a été vidée de sa substance par Loukachenko en 1997 à son profit.

► Parti civique uni de Biélorussie

Dirigé par Anatol Liabiedzka, d'orientation libérale.
 
► Malady Front,

« Front de la jeunesse » Proche des nationalistes, ce mouvement politique comme son nom l'indique regroupe des jeunes anti-Loukachenko. Il est assez actif. Conservateur, il milite en faveur de la renaissance nationale biélorusse. Pro-occidental et anti-russe.

► Le Front populaire biélorusse

Dirigé par Vintsouk Viatchorka. Il est parfois considéré comme le parti de l'intelligentsia. Il se situe clairement à droite. Ces conservateurs défendent l'idée d'une renaissance nationale de la Biélorussie.
Ce parti est pro-occidental, pro-polonais et anti-russe, reprochant d'ailleurs vivement à Loukachenko sa politique de rapprochement avec la Russie

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Alexander Milinkevich, principal candidat de l'opposition biélorusse  qui a déclaré que « notre société a besoin de vérité » et que bien que l’aide étrangère soit la bienvenue, en fin de compte « ce sera à nous de faire le travail. »

    Une répression arbitraire de l'opposition

     Dans le passé, les autorités de Biélorussie ont répondu par répression aux actions de protestation à grande échelle, arrêtant de très nombreuses personnes. Amnesty International a, à de nombreuses reprises, exprimé aux autorités sa préoccupation concernant le mépris des droits humains en Biélorussie; l’organisation s’inquiète, en particulier, des actes de harcèlement et d’intimidation à l’égard des organisations non-gouvernementales et des syndicats, du non-respect de la liberté d’expression et d’association, ainsi que de la « disparition » d’hommes politiques faisant partie de l’opposition (vous ne manquerez pas de faire le lien avec ma propre histoire... une chose est sûre: je ne joue pas la carte de la paranoïa, ces disparitions -dont celle de mon père- sont bel et bien suspectes)  et d’un cameraman. «Les autorités de Biélorussie font continuellement preuve de leur manque de tolérance à l’égard de ceux qui ne sont pas d’accord. Toute personne détenue pour avoir manifesté pacifiquement sera considérée comme prisonnier d’opinion », a même déclaré Amnesty International.
En prévision des élections de 2006, le gouvernement de Biélorussie avait préparé le terrain bien à l’avance. En 2004, un référendum avait été organisé pour savoir si le Président Lukashenko pouvait se présenter pour un troisième mandat. Le résultat, déclaré « frauduleux » par l’Union européenne, fut un « oui » retentissant . En décembre 2006, le parlement biélorusse a adopté une loi stipulant que toute tentative visant à « discréditer » l’État biélorusse constituerait une infraction pénale assortie d’une peine de trois ans d’emprisonnement pour les contrevenants.


 




 
 

Publié dans Développement

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